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Le manteau en cachemire, chaleur refuge

« Personnellement, je n’aime pas voir une femme en ville sans un manteau », assénait Christian Dior dans son Little Dictionary of Fashion. Edité en 1954 pour son public anglais – la version française, elle, ne sera publiée qu’en 2007 –, l’ouvrage édicte, de A à Z, le protocole à suivre pour être élégante. A la lettre C, comme coats, Dior décrétait ainsi : « Les manteaux peuvent être ajustés ou amples, selon votre choix personnel, mais ils doivent avant tout être pratiques. Pratiques en termes de couleur et de style. » Quid de la matière ? Si la soie devait être réservée à l’été, les meilleures matières à privilégier l’hiver étaient, selon le couturier, la laine ou le velours (de laine, de coton ou de soie). Le manteau doit tenir chaud. C’est d’ailleurs sa fonction première.
Porté dans toutes les strates de la société, c’est par son étoffe qu’il se distingue. Il est taillé dans une laine épaisse résistant à tout pour les ouvrières ; et, pour les élégantes, il est brodé ou coupé dans une matière luxueuse. Comme le cachemire, importé d’Inde en Europe dès la fin du XVIIIe siècle. S’il réchauffe d’abord les frileuses sous la forme d’un large châle, il devient, deux siècles plus tard, l’une des fibres fétiches des couturiers, qui aiment sa douceur et son tombé élégant. La femme du XXe siècle se glisse alors dans de larges manteaux peignoirs ceinturés pour souligner sa taille.
C’est d’ailleurs ainsi que le porte la jeune Ali MacGraw dans Love Story, drame d’Arthur Hiller sorti en 1970. Histoire d’amour tragique sur fond de mépris de classe, le long-métrage est aussi devenu culte grâce à son stylisme impeccable signé des costumières Pearl Somner et Alice Manougian Martin. Les images d’Ali MacGraw déambulant sur le campus de Radcliffe (Cambridge) vêtue d’un manteau en cachemire camel – porté col relevé sur jambes nues – font aujourd’hui encore les belles heures des comptes Instagram consacrés à la mode preppy.
En dehors de toute considération esthétique, il y a aussi dans le manteau en cachemire une certaine idée de réconfort. Un cocon dans lequel chacune se glisse une fois les premiers frimas venus. « Le manteau est le premier refuge », dira d’ailleurs Anne Marie Beretta, créatrice française à l’origine de l’un des pardessus les plus emblématiques, le 101801, de Max Mara. Un modèle aujourd’hui encore réalisé en castorine de laine et cachemire, et dont la coupe, étudiée pour convenir à toutes les tailles et morphologies n’a pas bougé depuis sa naissance, en 1981.
Margaux Krehl
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